" Une Nuit d'Orgie à Saint-Pierre Martinique "
- Taleenah
- 18 juin 2020
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 5 juil. 2020

Tout d’abord, un peu d’Histoire pour aider à situer les faits qui se déroulent dans cet ouvrage.
La ville de Saint Pierre appelée aussi à l’époque « le Petit Paris des Antilles », la « Venise tropicale », ou le « Sodome américain » était la capitale économique et culturelle de la Martinique, et Fort-de-France en était le chef-lieu administratif.
Le livre a bien sûr été publié avant l’éruption du Mont Pelée du 8 Mai 1902, soit vers 1892 ou 1893.
Éruption qui a d’ailleurs été désignée comme étant la plus meurtrière du XXe siècle. En effet, environ 30 000 âmes se sont éteintes ce jour-là. Saint Pierre a totalement été détruite.
Une Nuit d’Orgie à Saint Pierre Martinique est donc un roman érotique publié par un certain Effe Géache ou F.G.H. En fait, l’auteur est resté jusqu’à ce jour anonyme. Son identité n’a jamais pu être confirmée. D’après Raphaël Confiant, qui nous offre une belle préface très complète, il pourrait s’agir d’une personne appartenant à l’élite cultivée blanche créole de l’époque. Un F. Gaigneron d’Hauteriche, un F. Godefroy de la Houssaye ou encore un F. Gaudon de Hulin. Les 3 patronymes parmi les plus éminents de l’aristocratie pierrotine entre lesquels pourrait se cacher F.G.H pour autant qu’il n’ait pas maquillé aussi ses initiales.
Malheureusement, cet ouvrage n’est pas considéré comme faisant partie de la littérature martiniquaise, déjà parce qu’il a longtemps été introuvable, mais surtout, de par sa nature érotique et la langue créole utilisée ; considérée comme un vulgaire patois.
C’est donc l’histoire de retrouvailles entre 3 amis de longue date, Hubert, Jules, et Philippe pour une nuit de folie à Saint Pierre. Nuit qui s’achèvera d’ailleurs de façon tragique pour l’un d’entre eux. (sans vouloir vous spolier la fin, bien sûr, elle illustre bien ce dont je parle dans mon article intitulé " Amitié : des Règles ? ")
Ils nous font entrer dans l’univers de ce qui ressemble beaucoup aux « bordels » de l’époque, maisons closes tenues et/ou occupées par ce qu’on appelait les « matadors » ou ribaudes. Ces femmes aussi dangereusement belles que peu farouches et extravagantes, toujours bien habillées et parées de plus beaux bijoux en or, entretenues par des hommes plus ou moins aisés appelés communément « maquereaux » ( « makos »).
Mais l’intérêt de ce livre réside beaucoup plus dans le vocabulaire utilisé et très imagé que dans l’intrigue même. Le créole est d’une richesse incroyable surtout quand il s’agit d’évoquer les relations intimes. Il y a d’ailleurs des anecdotes rocambolesques racontées par les personnages eux-mêmes dont certaines que j’ai trouvé assez drôles.
On retrouvera donc l’utilisation des mots suivants : « con » ou « patate » (« patate lombraj » ; sexe très poilu), pour désigner le sexe de la femme, « cal », « fer », pour l’homme. Mais aussi «quiouquioute » qui est en fait le redoublement du mot créole « tchou » qui signifie « cul » (pour les non créolophones). Vous noterez que les mots « cal » et « fer » renvoient à des outils (je vous laisse méditer là-dessus).
On retrouve également le mot « languette » qui désigne le clitoris. Ce qui signifie que dans l’imaginaire créole, le clitoris n’est autre qu’une petite langue. Il y a, bien sûr, le verbe « coquer » qui signifie « baiser ». Terme, voisin du verbe français « coqueler » qui renvoie à l’accouplement du coq et de la poule. Et puis, le « papalame », qui évoque le bruit que ferait la langue lors d’un cunnilingus. Il en est aussi question dans le roman de Pyrrha Ducalion dont je parle dans l'article précédent. Et encore, bien d’autres belles expressions. L’auteur a de toute façon eu le réflexe de les traduire en français même si il faut avouer qu’il n’y a pas tout le temps d’équivalence.
Voici un des passages les plus « salés » :
- Chapitre 6 :
« Elle avait beaucoup marché dans la maison et son con exhalait une faible odeur de pisse que je reniflai avec plaisir parce qu’elle me faisait bander plus fort. J’écartai avec les mains les deux grandes lèvres de sa patate et ayant saisi avec ma bouche sa languette, je lui donnai un bon papalame. Elle se tordit sous la jouissance qu’elle ressentait […] Bref, quand je me sentis bander à point, je fis volte-face et je remplaçai ma bouche par mon lolo (sexe) […] j’écartais ses jambes qu’elle appuyait sur mes épaules, je passais mes deux bras au-dessous de son derrière que je pressais fortement, et mon cal entrant dans sa patate, ne laissait pas vide le plus petit espace [...] Pendant ce temps, pour la faire pâmer d’aise, je prenais le bout d’un de ses seins que je suçais avec transport. »
Livre effectivement pas facile à trouver, mais il a heureusement été réédité cette année par une maison d'édition locale "Caraibéditions" pour mon plus grand plaisir et le vôtre peut être ...
Bonne Lecture !
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