Toutes les nuits...

Cela fait déjà plusieurs nuits que je dors très mal ou plutôt très peu, je ne sais plus, je me réveille épuisée chaque matin, et ça en devient même handicapant car je n’arrive plus à me concentrer au travail.

En fait, j’ai l’impression qu’on m’empêche de dormir.

Si je vous raconte en détails, vous allez me prendre pour une folle ou me dire que je suis possédée …

Je suis célibataire depuis pas mal de mois maintenant, je vis seule et dors seule toutes les nuits et pourtant… On me fait l’amour. Oui, « on » me fait l’amour. Et je ne parle pas de masturbation mais de l’acte sexuel.

Comment ? Je ne sais pas. Est-ce d’ailleurs possible ? Je ne sais pas non plus. Tout ce que je sais, c’est ce que je ressens chaque nuit.

Pendant un moment, je me suis juste dit que mes rêves érotiques étaient un peu trop intenses, tellement intenses qu’ils me donnaient juste l’impression que c’était réel.

En ce qui me concerne, il est tout à fait normal de faire ce genre de rêves, surtout en ce moment.

Ces derniers temps, je suis à fleur de peau, vous savez, quand vous êtes à la diète depuis plusieurs mois, et qu’un simple frôlement peut vous mettre dans tous vos états …

Comment déceler le vrai du faux de mes songes ? Je n’en ai aucune idée.

Tout ce que je sais, c’est que je suis de plus en plus fatiguée, alors que la frustration sexuelle que je pouvais ressentir diminue de jour en jour. Trop bizarre.

Voilà comment ça se passe la plupart du temps.

Pendant mon sommeil, je vais sentir un petit vent glacial parcourir ma chambre et cela même si la fenêtre est fermée ; arrivent ensuite les frissons comme un réflexe dû à la baisse de température, puis la chair de poule quand je sens le drap caresser doucement ma peau comme si quelqu’un le soulevait et le faisait glisser délicatement sur moi.

Je n’ose jamais ouvrir les yeux de peur de me réveiller et que ce doux rêve s’arrête. Mais à ce moment-là, je dois avouer que je ne suis plus vraiment sûre d’être toujours complètement endormie.

Enfin, ça c’était au début …

Par la suite, le « phénomène » s’est précisé.

J’ai remarqué des traces sur mon corps et mes draps. Je vous rassure, pas de fluide corporel inconnu.

Mais je ne vous cache pas que mon corps réagit malgré moi à ces activités sexuelles paranormales nocturnes, et je me rends compte à mon réveil que mes draps sont trempés de sueur et de cyprine.

Toutefois, les traces dont je parle sont comme des bleus sur mon corps et j’ai même vu, une fois, ce qui ressemblait à une marque de morsure sur mes hanches.

En m’examinant dans le miroir, et en passant ma main sur ces marques, j’ai comme des flashbacks d’ébats musclés, intenses et torrides. Pffff Incroyable… Je n’en reviens pas.

Mais, qu’est-ce qui m’arrive ?

Qu’est-ce qui se passe ?

Qu’est-ce qu’ « on » me fait ?

Pourquoi moi ?

Et surtout, pourquoi ça ne m’inquiète pas plus que ça, pourquoi je ne ressens pas de peur ou de culpabilité ? Je suis limite impatiente d’être à la nuit suivante.

Puis, un matin, sur mes draps j’ai découvert une empreinte, celle d’une main, une grande main masculine, je n’ai aucun doute là-dessus.

Là, j’ai eu un peu peur, je dois l’admettre.

A qui est cette main ? Et comment est-elle arrivée jusque-là ? Et encore une fois, pourquoi moi ?

Et à ce moment-là, l’idée qu’un esprit venait me visiter la nuit pour me faire des cochonneries m’a effleuré.

Alors quoi ? Les histoires de « dorlis » qu’on me racontait au pays quand j'étais plus jeune sont donc vraies ? Ces esprits invisibles dont le seul but est d’assouvir leurs désirs sexuels sur des hommes ou des femmes durant la nuit existent donc vraiment ?

Je commence sincèrement à y croire.

Et la nuit dernière m’en a d’ailleurs complètement convaincue.

En effet, hier soir, j’étais dans mon lit, à moitié endormie, la porte de ma chambre était restée ouverte. J’ai entendu du bruit, le parquet s’est mis à grincer, comme si quelqu’un marchait dans mon appartement. L’instant d’après, j’ai ressenti ce même courant d’air glacial comme toutes les nuits précédentes traverser ma chambre, et d’un coup, la porte claque.

J’ai sursauté, mais je n’ai pas bougé, je n’ai pas voulu, je me disais que si je bougeais, « il » repartirait.

Je devais lui faire croire que je dormais afin qu’il me fasse ce qu’il fait si bien depuis des jours, enfin plutôt des nuits, depuis des semaines maintenant. Je ne voulais pas prendre le risque de l’effrayer et qu’il s’en aille. Sans m’en rendre compte, je suis devenue dépendante de ses visites.

Qu’est-ce que cela fait de moi au juste ? Une personne bizarre ? Une folle ?

Je suis allongée sur le ventre quand je sens le drap glisser sur mon corps jusqu’à ce qu’il ne me recouvre plus. Je porte une nuisette sans culotte. Après le drap, c’est la nuisette que je sens remonter le long de mon corps et je sens comme un souffle sur mes fesses. Mon cœur descend dans mon vagin, et se met à battre de plus en plus. Puis, je sens comme un poids se poser sur moi.

C’est plus fort que moi, j’entrouvre légèrement les yeux et je ne vois rien. Je les referme aussitôt. Je serre les dents que je sens qu’ « on » me remplit. Je sais que je suis déjà trempée, je me sens couler, je sais que mon entrejambe n’est que humidité et chaleur. M’enfin… Chaleur est un euphémisme. J’ai une fournaise entre les cuisses !

Je sens qu’on me travaille de l’intérieur, qu’on me fouille, et je laisse échapper quelques gémissements. C’est tellement bon. Je ne veux pas que ça s’arrête. Je veux que « ça » me fasse jouir, encore et encore.

Pendant que je me laisse totalement envahir par cette entité et toutes ces sensations aussi délicieuses que mystérieuses, je sens qu’il tire aussi sur le foulard que j’ai sur la tête pour protéger mes cheveux pour me l’enlever complètement.

Puis, la sensation entre mes cuisses et au creux de mon ventre se fait plus intense, et là je ne peux plus faire semblant de dormir, je gémis de plus en plus fort. Je me sens totalement submergée.

Il tire en même temps sur mes cheveux ce qui m’oblige à soulever la tête et la pencher en arrière.

Tout ce que j’avais pu ressentir les nuits précédentes n’égale en rien ce que j’éprouve à cet instant. C’est indescriptible. J’ai presque l’impression que cette fois-ci, il y en a plusieurs !

Mon corps entier vibre, frissonne, réagit, se cambre, se tord… Je n’en peux plus. Et quand enfin un orgasme surpuissant me secoue, et me libère en même temps de ce plaisir presque insupportable, le poids sur moi s’évapore instantanément. Je m’effondre et m’endors dans les secondes qui suivent.

A mon réveil, sur le mur, je pouvais lire comme une inscription faite au charbon

« Tu es à moi ».

TALEENAH

"Cette histoire est vraie puisque je l'ai inventée." Boris VIAN