Shooting - "Ma peau mérite toutes les douceurs du Monde"

Taleenah
20 juin 2020
6 min de lecture

Dernière mise à jour : 9 oct. 2022

Le 6 Septembre 2019, j’ai participé à un shooting en 2 parties dans le cadre de la promotion du livre de La Tchipie (bloggeuse / écrivaine), « Ma peau mérite toutes les douceurs du Monde », afin d’en illustrer un des textes intitulé « Le Fromager » (page 29).

L’histoire d’une femme passionnée et désespérément amoureuse qui a usé de la magie noire pour essayer de garder dans sa vie l’homme qu’elle aimait.

J’ai toujours eu un grand intérêt pour tout ce qui est mystique, surnaturel, et le folklore local mais aussi celui d’autres cultures. Ce texte m’a particulièrement inspiré et quand j’ai osé envoyé le message privé au début du mois de Janvier 2019 à La Tchipie pour lui dire que je voulais faire partie de ce projet, elle a tout de suite été enchanté. Connaissant déjà la photographe, Anaïs C., qui a travaillé sur d’autres visuels du livre, d’abord, de par son travail, ensuite, pour avoir déjà collaboré avec elle pour la couverture du roman de Ti Malo, (voir article Dyablès) il a été facile de mettre les choses en place.

J’ai lancé le thème « Black Witch » qui est vite devenu « Kréyol Witch ». Il aura fallu 9 mois pour finaliser le projet comme un bébé qu’on aurait mis au monde. Mais le résultat parle de lui-même, ce temps était nécessaire pour offrir un tel rendu. Ce fût une expérience vraiment très intéressante et drôle. On imaginait déjà les diverses réactions que les photos pourraient susciter chez le public, et on avait hâte avant même d’avoir fini.

La magie noire a toujours été présente dans notre culture et, l’est bien encore aujourd’hui.

Le « Quimbois » ou « Kenbwa », pratiques et rites magico-religieux.

Le Fromager en est d’ailleurs un symbole très fort. Aux Antilles, il est considéré comme sacré et donne lieu à de nombreuses superstitions. Grand arbre de la savane Ceiba pentadra, on dit que c’est l’arbre du Diable. L’arbre aux Soucougnans*. Cet arbre au tronc droit, aux branches horizontales, est le rendez-vous des mauvais esprits, et en particulier des volans (voir aussi article "Dlo-Coucoune"). C’est de là qu’ils prendraient leur envol après avoir accroché leurs peaux aux épines des branches.

Certains fromagers, kapokiers, ont souvent été utilisés comme potences pendant la période esclavagiste, notamment au moment du rétablissement de l’esclavage sous Napoléon Ier, pour pendre les hommes et les femmes qui s’étaient rebellés.

*Soucougnan : sorcière, souvent vieille femme, qui s’envole la nuit après avoir quitté sa peau. Elle vole sous forme d’une boule de feu. Elle se nourrit du sang des humains ou des bovins qu’elle boit pendant leur sommeil. Une fois ses méfaits accomplis, elle rejoint le fromager, d’où elle s’était envolée, remet sa peau et redevient un être humain.

(source : Kenbwa an Gwada. Hector POULLET. CaraïbEditions/ Jardin Botanique de Deshaies)

Il était donc très intéressant de donner vie à cette histoire et de se mettre dans la peau de cette femme prête à tout pour garder auprès d’elle son amant.

Cela amène aussi la question de ce qu’on est capable de faire par amour (ou folie amoureuse, ou par désespoir).

J’ai découvert l’univers de La Tchipie tout d’abord, grâce à sa page Facebook , ensuite, en m’intéressant au portail caribéen d’histoires érotiques et coquines écrites par des femmes appelé « LAPLISITOL » dont elle est la co-fondatrice. Webzine sur lequel j’ai partagé activement mes récits avant de créer mon propre blog en 2015.

LAPLISITOL permet aux femmes de « sexe-primer » ouvertement, concept auquel j'adhère totalement. En plus du côté divertissant, je suis persuadée que ce site a aidé beaucoup d’entre elles à s'assumer, à se révéler, à s'apprécier, à se libérer.

En participant à ce projet photo, je devais répondre aux questions suivantes tout en présentant la femme que je suis :

Qu’est-ce que l’érotisme et la sensualité pour moi ? Et pourquoi c’est important ?
Que représente ce shooting pour moi ?

Je suis une femme de caractère, tout simplement quelqu'un d'entier. Une bonne vivante, qui aime manger, danser, rire, chanter à tue-tête chez elle et dans sa voiture. Une femme qui a appris à assumer sa sensualité et sa sexualité. Il m’aura tout de même fallu attendre la trentaine pour atteindre mon plein potentiel, me sentir complètement à l’aise avec mes envies, oser plus. Je me connais mieux aujourd’hui, je sais exactement ce que je veux, ce que j’aime et ce que je n’aime pas, je le formule clairement, et par-dessus tout, je m’aime comme je suis. Les expériences vécues, bonnes et mauvaises, les partenaires rencontrés au cours de ma vie m’y ont, sans aucun doute, aidé.

Chaque femme devrait pouvoir explorer tous ces aspects et l’exprimer librement sans avoir peur du jugement. Apprendre à connaitre son corps est primordial. Connaitre son propre langage. Savoir faire passer les messages que l’on souhaite faire passer avec (désir, assurance).

Avoir conscience de son potentiel.

Malheureusement, nous oublions ou sous-estimons parfois notre pouvoir et nous nous bridons.

Le « Sexe Faible » dit-on, et pourtant des empires ont été renversés, des nations créées, des guerres déclarées, par et pour la Femme.

Tout comme l'homme, nous avons des besoins et des envies que nous ne devrions pas avoir honte de vouloir assouvir. L'érotisme est l'expression même de notre féminité, ainsi que de notre sensualité, ce qui nous permet de mettre en avant les merveilleux atouts dont la nature nous a dotés. Nous avons également le droit au plaisir, et surtout le droit d’en disposer.

Le reconnaître et l’assimiler, est à mon avis, essentiel et vital.

Ce shooting était pour moi une façon d’afficher clairement ce pouvoir et cette force qu’est la nôtre, à travers un certain mysticisme.

Je précise que je ne suis pas modèle et encore moins comédienne, c’était donc un challenge pour moi. Tout le monde n’est pas forcément à l’aise devant un objectif, et il est vrai que quelques années plus tôt, je n’aurai sans doute pas osé le faire. Il est important d’établir une relation de confiance avec le photographe (dans mon cas, « la »), et de bien parler des détails de la séance pour être au fait de ce qu’on attend de nous (modèles) et du rendu que l’on souhaite avoir. Il y a eu un vrai travail de ce côté-là avec Anaïs, et je l’en remercie, du brainstorming, beaucoup d’échanges. Autant de points qui permettent de mettre en place et donner vie au projet pour que le résultat final plaise à tout le monde.

Dans cet ouvrage, il y a, en fait, plusieurs textes qui résonnent en moi, certains d’entre eux, plus que d’autres, et il est compliqué de n’en choisir qu’un, j’ai tout de même mon top 3 :

« La Fantaisie » (page 47-48)
« Chercheur d’Or » (page 125)
« Va Chercher » (page 211)

Ces trois textes font écho en moi de la même façon car ils mettent en avant l’Amour de Soi, la Confiance en Soi, la Connaissance de Soi, le Bonheur qui ne dépend que de Nous, le Lâcher-Prise, la Prise de Risques.

Autant de concepts que je m’évertue à appliquer dans ma vie au quotidien, non sans difficultés d’ailleurs. Toujours se donner la première place. Apprendre à ne pas culpabiliser après s’être comporté de façon un peu égoïste, quand c’est pour son propre bien, car nous ne pouvons aimer les autres plus que nous-mêmes. Reconnaître sa valeur.

La deuxième partie du shooting est, elle, plus axée sur moi. Une façon de dévoiler un peu de ma féminité, avec une touche de sensualité. Egalement de me mettre en avant en tant qu’auteure récurrente sur le site LAPLISITOL et en tant que bloggeuse en donnant aux personnes qui ne me connaissent pas encore, un aperçu de mon univers à travers un de mes textes qui rejoint d’une certaine façon, l’esprit du livre et cette énergie que l’on souhaitait transmettre, intitulé « CETTE PREDATRICE QUE JE SUIS ».

Texte que vous pouvez, bien sûr, retrouver sur le site de LAPLISITOL et sur mon blog dans la rubrique du même nom.

Vous pouvez retrouver les photos de la série sur le compte Instagram d’Anaïs C., ainsi que sur sa page Facebook et découvrir son portfolio sur son site internet :