Se pardonner
- Taleenah
- 22 juil. 2020
- 5 min de lecture

Je m'en veux... Je suis très dure avec moi-même. Je n'arrive pas à me pardonner. En tout cas, j'ai beaucoup de mal à y arriver.
Me pardonner pour les erreurs que j'ai commises, les paroles qui sont sorties de ma bouche et celles que je n'ai jamais dites ...
Pour ces fois où j'ai accepté ce que je n'aurai jamais du accepter.
Pour ces fois où j'ai fait le mauvais choix parce que c'était plus facile.
Pour ces fois où je n'ai pas été courageuse, où je n'ai pas dit "oui" alors que je voulais ou "non" quand je ne voulais pas.
Pour ces fois où je me suis complu dans des situations ou des relations que je savais toxiques ou allant à l'encontre de mon épanouissement personnel.
Ça me torture, je ressasse les événements du passé. Il suffit d'un rien parfois pour me renvoyer à un instant, à une période de ma vie où celle que je suis aujourd'hui regarde celle d'hier en secouant la tête avec désapprobation.
Processus, plus ou moins douloureux, l'acquisition d'expérience, l'avènement de la maturité... Grandir, ça fait mal en fait... Personne ne m'avait vraiment prévenu.
Je ne suis pas sûre d'avoir signé en toute connaissance de cause ce contrat pour un poste d'adulte.
Moi qui pensais que c'était juste pour faire tout ce je voulais sans contrainte, pas trop de responsabilités, pas de compte à rendre etc...
Que nenni.
Je me suis retrouvée à devoir prendre des décisions pour lesquelles je n'étais pas forcément prête, faire des choix, gérer des situations inédites sans réel mode d'emploi.
" T'es une adulte maintenant, débrouilles-toi ! "
L.O.L.
De plus, sur ce contrat, il n'y avait pas de délai de rétractation, aucun moyen de revenir en arrière. Un putain de contrat à vie. Ad vitam aeternam les gars.
Prise au piège.
Donc... Apprendre à tirer des leçons des situations compliquées dans lesquelles on s'est retrouvé. Pas toujours évident. Alors, c'est arrivé qu'on refasse les mêmes erreurs, encore ... Et encore. Puis un jour, on finit enfin par comprendre. Le point de non retour est atteint. On s'est trop blessé et on arrive enfin à se dire "Stop !".
Il faut ça quelques fois pour réaliser que l'on n’a pas emprunté le bon chemin, que l'on s'est fourvoyé depuis bien trop longtemps, que l'on s'est voilé la face.
Il me semble que c'est Albert EINSTEIN qui a dit "La folie, c'est se comporter toujours de la même manière et s'attendre à un résultat différent."
En effet, on s'entête à réitérer les mêmes actions que l'on sait pourtant infructueuses, inefficaces tout en espérant que la prochaine sera la bonne.
Au final, à chaque nouvelle déception, on s'en veut encore un peu plus.
Comment se sortir de ce cercle vicieux ?
Mais surtout comment se débarrasser de ce sentiment de culpabilité que l’on traine avec soi ? Je n'ai pas la réponse. J'y travaille encore. Oui, encore aujourd'hui, malgré les années.
Quand j'arrive à prendre assez de recul, je me dis que finalement ce sentiment m'aide à ne pas reproduire les erreurs du passé. Je n'arrive pas à m'en défaire, alors j'en fais mon allié.
Voilà pourquoi je me suis fait tatouer ce symbole ghanéen, un adinkra, représentant le Sankofa.
Le mot SANKOFA dérive des mots SAN (retourne), KO (va), FA (ramène), ce qui signifie en langue akan, "retour aux sources", "se nourrir du passé pour mieux faire face au futur".
Il évoque l'importance d'apprendre du passé en empruntant les voies de la connaissance. Il est symbole de sagesse, et du respect mutuel entre les peuples ainsi que l'unité dans la tradition du peuple akan.
C'est un symbole de conversion : il n'est jamais trop tard pour changer et choisir un autre chemin quand on a pris conscience de ses erreurs.
Pour info, il existe deux représentations du Sankofa. L'autre est un oiseau mythique qui vole vers l'avant et qui en même temps à la tête tournée vers l'arrière pour nous montrer que le passé nous sert de guide pour préparer l'avenir.
>>> "Se wo were fi na wo sankofa a yenkyi" >>> « il n'y a pas de mal à apprendre du passé » ou « ce n’est pas mal de revenir pour ce que vous avez oublié ».

J'en parle également dans mon article sur le livre de Stevy MAHY, "Renaissance Woman" (lire ici)
Toutefois, il s’agit surtout de ne pas rester bloquer dans le passé. Accepter ses erreurs, accepter d’avoir été vulnérable, influençable, blessant ou blessé, lâche, de ne pas avoir été honnête avec les autres et soi-même, de ne pas s’être senti à la hauteur, pour pouvoir avancer.
Après tout, nous ne sommes que des êtres émotionnels en constante évolution. Il est normal de passer par ses phases là, cela fait partie de l’apprentissage de la vie et de soi-même.
Inutile de le nier, nous sommes tous capable de toxicité, nous l’avons déjà été, nous le sommes peut-être même en ce moment, ou nous le serons un jour.
Encore une fois, c’est en tirer des leçons, faire mieux qui est bénéfique pour soi et l’avenir.
Maintenant comment pardonner aux autres quand on ne sait pas se pardonner soi même ?
Je suis très rancunière, je dirai même que c’est mon pire défaut (bien sûr je préfère le voir comme une qualité). Est-ce lié à ce sentiment de ne jamais en faire assez, à cette exigence que j’ai envers moi-même ? Je pense que oui.
Je suis quelqu'un d’entier, avec moi, c’est tout ou rien. Malheureusement, je fais (trop) souvent l’erreur d’attendre des autres la même énergie, honnêteté, franchise et loyauté dont je fais preuve, du coup je me retrouve inéluctablement déçue.
Avec l’expérience, et par la force des choses, j’ai appris qu’on ne pouvait ni espérer, ni demander tout cela aux autres mais on ne se refait pas, hein ?
Par contre, une fois déçue, je peine énormément à pardonner ou à passer outre cette déception car j’ai du mal à accepter la non-réciprocité, le manque de considération, le manque d’honnêteté. Je suis aussi exigeante avec les autres que je le suis avec moi-même.
On me serinera avec le truc habituel qui est de ne rien faire en attendant un retour, une contrepartie, sinon cela voudrait dire que je fais les choses par intérêt blablabla…
Cela n’engage que moi mais à mon sens, c’est juste encore une façon de me faire culpabiliser.
Pourquoi espérer un minimum de réciprocité ferait de moi une mauvaise personne ? Je ne suis simplement pas d’accord avec le concept de donner sans cesse sans rien recevoir, je ne trouve pas cela juste, d’un point de vue moral même.
Quant à la personne qui est dans la position du receveur, n’éprouve t-elle donc aucun scrupule à ne rien donner à son tour ?
N’est-ce pas cette personne qui devrait se sentir le plus coupable des deux ? N’est-ce pas une manière de se servir quelqu’un, de profiter de tous les avantages que l’autre nous apporte ?
Même si j’ai du mal à pardonner, il est vrai que je reconnais toutefois l’utilité de cet acte, non pas pour excuser ou effacer la faute de ceux qui ont pu me blesser mais pour me libérer moi du poids du ressentiment.
Savoir pardonner est une aptitude grandement louable et qui plus est une délivrance.
Savoir se pardonner est indispensable.
TALEENAH
Salut Taleenah.
Ton blog n'est plus actualisé ? 😔😔.