" Première Nuit : Une Anthologie du Désir "

Ce livre est un recueil de nouvelles érotiques écrites par des hommes abordant le thème du désir de façon assez particulière. Je dois avouer que ce n’était pas du tout ce à quoi je m’attendais quand j’ai commencé ma lecture. Certains textes m’ont troublé, voire déstabilisé et quelques fois laissé perplexe.

Il y a 11 histoires regroupées dans cette œuvre, 10, d’auteurs masculins de diverses origines mais spécifiquement subsaharienne, caribéenne et afropéenne. En effet, les écrivains, Alfred Alexandre, Edem Awumey, Julien Delmaire, Frankito, Julien Mabiala Bissila, Jean-Marc Rosier, Insa Sané, Felwine Sarr, Sunjata et Georges Yémy sont martiniquais, togolais, guadeloupéen, congolais, camerounais ou sénégalais.

Tous sous la direction de Léonora Miano, romancière d’origine camerounaise, qui a d’ailleurs signé la 11e nouvelle de cet ouvrage. Il est question dans ce livre de raconter une première nuit d’amour en mêlant Eros et Thanatos. Le premier étant le dieu grec de l’Amour et le second, la personnification de la Mort dans la mythologie grecque.

Le mot « érotisme » vient d’ailleurs d’Eros.

Les textes naviguent donc entre pulsions de vie et pulsions de mort, ce qui est parfois déroutant. Certaines histoires se déroulent en pleine guerre civile dans les années 90 au Congo ou au Togo.

D’autres mêlent tout simplement le désir à un univers violent, montrent qu’il peut faire ressortir notre côté le plus sombre, quelque chose de malsain, ou au contraire, rendre libre, effacer toute inhibition. Il est bien sûr aussi question des premiers émois amoureux, et de ce qu’on ressent la première fois où on se laisse aller avec l’autre, celui ou celle que l’on a tant convoité et qui est maintenant à nous corps et âme.

Certaines des nouvelles sont plus difficiles à lire que d’autres, chaque auteur ayant son style, mais ça n’en ai pas moins une expérience littéraire des plus intéressantes.

Voici quelques extraits/ passages que j’ai aimé :

** « Ça y est ! Je l’ai. Le fameux point G que le monde entier cherche, mais je préfère dire point B (Bettina). Chaque fois que son orgasme s’engage sur la piste pour décoller, je coupe le feu et ça recommence. Ça pourrait durer jusqu'à l'aube. J’ai la sensation de contrôler un système. D’apprivoiser l’orgasme. C’est comme si le monde entier était enfermé entre mes mains.

Baise-moi ! »

Le Confessionnal de Julien Mabiala Bissila.

** « Je l’amène à montrer un rien d’impudeur en faisant légèrement glisser une de ses jambes de côté. Son sexe se dévoile ainsi plus intimement. La touffe aux crêpes douces et parsemées montre ses lèvres. Sexe de Noire tel que tartiné de chocolat luisant. Clitoris, sombre bourgeon. Ma main. Mes doigts. Lèvres qui se descellent et révèlent la lactescence du rubis. La rubiscence existe-t-elle ?... baignée de laitance. Bourgeon qui glisse entre mes doigts, Peule qui feule, lente et longue dans l’extirpation. Je comprends peu à peu, dans la réitération des évènements et des gestes d’alors, que le destin me donne simplement à revivre quelque chose dont le souvenir m’a longtemps hanté : la première nuit avec Maï »

La Petite Fille de mon Désert de Georges Yémy.

** « Ce qui compte, c’est la présence, année après année, qu’on retrouve, à côté de soi, au point du jour. Oui, ce qui fait la valeur des premières nuits, c’est toutes les nuits qui sont venues après. »

Carnets d’Îles d’Alfred Alexandre

Bonne Lecture.