Le Voisin
- Taleenah
- 17 juin 2020
- 23 min de lecture
Dernière mise à jour : 9 oct. 2022

Tiens, il est revenu de voyage.
Mon voisin d’en face.
Un peu plus d’une semaine sans le voir, sans pouvoir l’épier de ma grande fenêtre, il m’a presque manqué.
On s’est croisés lors de son emménagement, il y a quelques semaines de cela. Je l’ai tout de suite trouvé très charmant pour ne pas dire hot : débardeur dévoilant des bras musclés portant ses cartons et un bas de jogging gris laissant deviner des attributs tout à fait attrayants.
Nous avons simplement échangés des bonjours, et des sourires, je lui ai souhaité la bienvenue dans le quartier.
C’est auprès du gardien de l’immeuble que j’ai su, par la suite, moyennant une petite boite de cupcakes, qu’il avait emménagé seul et que son travail l’amenait à bouger pas mal.
Quelle n’a pas été ma surprise quand en rentrant chez moi, quelques heures plus tard, je me suis rendue compte qu’il avait élu domicile dans l’appartement situé juste en face du mien. C’est d’ailleurs un immeuble jumeau. La même architecture, le même nombre d’étages. Fort probable que nous ayons le même numéro d’appartement.
Pour mon plus grand bonheur, il n’a pas encore installé de rideaux ou de stores. Et je ne peux pas m’empêcher de l’observer du coin de l’œil. À ce moment-là, il ne porte plus que le bas de jogging, le débardeur a disparu et ce n’est pas pour me déplaire.
Qu’est-ce qui m’arrive ?
Qu’est-ce que je fais ?
Ce n’est pas bien d’observer les gens comme ça, voyons.
Je me découvre des tendances voyeuristes.
Après tout, ne sommes nous tous pas un peu voyeurs ?... Oui, j’essaye de me trouver des excuses.
Ce n’est pas de ma faute, c’est lui qui n’a pas de rideaux...
Mais moi, j’ai des stores, et je devrais les fermer.
Je me décide donc malgré moi à renoncer à ce charmant spectacle en baissant mes stores, et c’est exactement à ce moment que lui s’aperçoit de notre vis-à-vis, j’ai alors droit à un sourire et des gestes comme s’il s’excusait de sa « tenue ». Ah la la, s’il savait… Il pourrait enlever le bas que ça ne me dérangerait pas.
Quelques jours passent, et j’arrive même à faire abstraction de sa présence, un véritable défi pour moi, tout de même, car il n’y a pas un jour où monsieur ne traîne pas les pectoraux à l’air.
Sachant que je travaille chez moi, il était impératif que ma concentration ne soit pas continuellement perturbée par cet Apollon barbu à la peau d’ébène, sinon mes clients ne recevraient plus leurs commandes en temps et en heure.
J’en viens parfois même à me demander s’il ne le fait pas exprès. Le plus dur, c’est quand il fait son sport. Il part d’abord faire son footing vers 18h et à son retour, il enchaîne avec des levées de poids.
Oui, je connais malgré moi son programme et ses petites habitudes. Je le considère comme mon plaisir défendu, mon vice caché, une douce et excitante transgression sans conséquence.
Il est arrivé que je le surprenne à m’observer aussi.
Un matin en particulier ou plutôt un après-midi, après une soirée un peu trop alcoolisée où je me suis donc réveillée tard en me baladant en petite culotte et débardeur avec ma tasse de café en main, stores grand ouvert.
D’abord, un peu gênée sur le coup, je me suis vite laissée aller à jouer un peu. Pour une fois que les rôles étaient inversés, je ne voulais pas le priver du spectacle. J’ai donc mis un peu de musique, style afro beat, sur laquelle je me suis trémoussée, mouvements de hanches et compagnie. Il n’en a pas raté une miette. Il s’est même franchement posté devant sa fenêtre, les bras croisés, pour encore mieux apprécier mes talents de danseuse. Malheureusement, ma prestation a été interrompue par un coup de fil et j’ai dû me mettre au boulot.
Je savais maintenant que je n’étais pas la seule à apprécier la vue.
Le surlendemain, on se croise au supermarché du coin. En fait, je ne le vois pas de suite. Moi, au rayon gâteaux et cochonneries en tout genre, je fais le plein, quand j’entends …
« - Bien le bonjour, Madame la Danseuse »
J’hésite presque à me retourner, et quand je le fais, je me retrouve face à lui, qui me sourit, tandis que j’essaye de cacher un léger malaise. Eh oui, on fait moins la maline là, c’est plus facile quand on est dans son appartement, à distance, intouchable… Va falloir assumer maintenant.
« Christopher, le voisin d’en face, je crois qu’on n’avait pas réellement fait les présentations. »
Il me tend une main que je serre et j’enchaîne.
« - En effet… Alex, enchanté
- Alex ? Hum… enchanté également. Je suppose que c’est le diminutif d’Alexandra
- Eh non, c’est juste Alex. Mes parents ont opté pour la simplicité ».
Il me sourit toujours, et je me rends compte que durant ce court échange nos mains sont encore l’une dans l’autre. Je le lâche immédiatement.
« - Je dois vous faire une confession, Alex, et j’avoue être un peu gêné…
- Ah ?... »
J’attends la suite.
« - Je vous ai vu… hier après-midi, enfin plutôt avant-hier… chez vous en train de danser… et je n’ai pas réussi à détacher mes yeux de vos mouvements… je suis désolé, je sais que ça ne se fait pas d’espionner les gens comme ça, mais c’était plus fort que moi. J’espère que vous n’allez pas m’en vouloir ou me prendre pour un voyeur pervers. Je peux vous jurer que je n’en suis pas un.»
Moi, impassible…
« - Oui, je confirme, ce n’est pas bien d’épier ses voisins ».
Réponse culottée me direz-vous, quand on sait que je ne me suis pas trop privée pour le mater de mon côté.
Le pauvre, blanchi.
Pour détendre l’atmosphère, je continue, avec un sourire cette fois :
« - C’est plutôt moi qui suis gênée maintenant, il est vrai que je suis restée longtemps sans voisin et j’ai pris mes aises. J’oublie de fermer mes stores. »
À ces mots, son visage se détend à nouveau, et un autre sourire vient l’illuminer. Sa bouche entourée par une barbe bien fournie et brillante qui semble bien entretenue, laisse paraitre une belle rangée de dents blanches. À cet instant précis, l’unique pensée qui me traverse l’esprit, que Dieu me pardonne, est la contribution que j’aurai apportée à l’entretien de sa barbe, si vous voyez ce que je veux dire… Son visage me semble être un siège plus que confortable.
« - Je m’en voudrai de brider vos élans, j’aime trop la spontanéité pour ça, c’est à moi de faire attention. »
Pour finir, il ajoute :
« - Je ne vous embête pas plus longtemps, je vous laisse faire vos courses et j’espère qu’on se recroisera très bientôt Voisine »
Ce à quoi j’ai simplement répondu :
« - Au plaisir, cher Voisin ».
Deux jours après, il partait en voyage.
J’ai juste eu le temps de le voir monter dans un taxi.
Bizarrement, je n’ai parlé de lui à personne. Pourtant, j’aurai pu le raconter à mes copines. Leur dire que j’ai un nouveau voisin super sexy que j’épie dès que j’en ai l’occasion, et que je joue même un peu avec lui en attirant son attention comme je le peux. Ça aurait pu être un super sujet de conversation pour une soirée entre filles, mais non, je préfère garder cela pour moi. C’est mon petit secret à moi.
Comme je le disais plus haut, il est de retour, après un peu plus d’une semaine d’absence.
10 jours sans ma dose de voyeurisme.
Cela m’aura au moins permis d’être plus productive dans mon boulot. Zéro distraction.
Il m’est arrivé une ou deux fois, de rester à ma fenêtre, en fixant la sienne, comme si, par magie, les rideaux allaient s’ouvrir pour le faire apparaitre. N’importe quoi Alex… T’es accro à un mec que tu ne connais même pas. C’est juste un fantasme. Stop it. Il fallait aussi avouer que le manque d’activité physique avec un homme jouait pas mal. J’avais, en effet, fait le choix de faire une pause de ce côté-là. Blasée des rencontres qui ne donnent rien, des hommes qui ne savent pas ce qu’ils veulent, des mauvais coups qui font inutilement gonfler la « sex-list »…
Quoi ?... Vous ne tenez pas une liste de vos partenaires, vous ?
Si seulement, on pouvait dé-baiser certaines personnes !...
Comme ça n’est malheureusement pas possible, j’ai donc pris la décision de me mettre à la diète pour éviter plus de déceptions. Pas tous les jours facile hein, encore moins depuis l’arrivée de ce Christopher que j’aurai bien frotté sous la douche après chacune de ses séances de sport. Ou plutôt, contre qui je me serais bien frottée.
C’est quand je relève un instant la tête de mon ordinateur, que je m’aperçois qu’en face, les rideaux sont ouverts et qu’il y a de la lumière. Je regarde l’heure, il est 19h45. J’avais moi-même perdu la notion du temps avec les chiffres que je mettais en ordre pour ma comptable. J’étais en retard comme d’habitude, elle m’avait déjà relancé, je devais donc tout finir ce soir et lui envoyer mon tableau afin qu’elle s’occupe de ma déclaration. Heureusement qu’elle était là, je serai perdue sans elle. Complètement. Je ne remercierai jamais assez ma meilleure amie pour m’avoir donné son contact. Et avec le temps, elle est également devenue une amie proche.
De la lumière, donc mais pas de mouvements. Aucun signe de lui. Je guette un instant, puis la notification d’un message provenant de mon amie comptable me ramène à mes obligations. Concentre-toi, Alex …
Une demi-heure après, j’envoyais enfin le tableau finalisé par mail. Une bonne chose de faite !
La faim se faisant ressentir, je m’apprête à réchauffer les restes du repas de ce midi quand j’entends la sonnette de la porte d’entrée. Qui cela peut bien être. Je n’attends personne, et je ne suis pas non plus en état de recevoir. J’ai passé toute la journée enfermée à bosser, agrippée à mon pc, je ne ressemble à rien, j’ai juste envie de manger et de me détendre en écoutant un peu de musique. Qui que ce soit, je vais vite l’expédier.
Je jette tout de même un rapide coup d’œil dans le judas avant d’ouvrir et je crois halluciner quand je reconnais Christopher. Hein ? Mais… Qu’est-ce que… Comment ?!
La sonnette retentit une deuxième fois et je crie « oui, un instant ! » derrière la porte.
Le miroir accroché dans mon entrée, positionné au-dessus de la console qui me sert de vide poches, me rappelle que je ne suis pas présentable, du moins, pas comme je le souhaiterais face à lui. Pas le temps de me changer. J’avais fait mon shampoing le matin, j’étais donc coiffée avec des tresses, cette coiffure révèle réellement la longueur de mes cheveux, c’est-à-dire, en dessous des épaules. Généralement, je les porte lâchés car ils bouclent naturellement et forme comme un large afro sur ma tête, ou attachés avec des tissus de type africain quand j’ai la flemme de faire une coiffure plus sophistiquée. Je porte un débardeur XL motif camouflage sans soutien-gorge et un legging noir taché par de la javel. Je fais juste un nœud dans le dos avec le débardeur pour le raccourcir, et j’ouvre la porte. Je ne peux pas faire mieux de toute façon. Tant pis.
« - Christopher ? Bonsoir…
- Oui. Bonsoir Alex... Euh désolé de débarquer comme ça à l’improviste… et maintenant que je suis en face de vous, je me dis que ce n’était peut-être pas une bonne idée… j’espère que je ne vous dérange pas … »
Il sourit mais c’est un sourire crispé, rien à voir avec cette fois au supermarché, ça se voit qu’il n’est pas très à l’aise. Il porte une chemise gris clair, à manches longues qu’il a retroussées, le col est détaché de 2 boutons, avec un pantalon à pinces noir qui lui va à merveille. Il est beau. Je comprends alors qu’il n’a pas pris le temps de se changer depuis qu’il est rentré. Je remarque également qu’il tient un petit sac dans une de ses mains.
« - Excusez-moi, mais comment vous avez trouvé mon appartement ?... »
Il passe sa main sur son crâne propre, apparemment encore plus gêné de devoir répondre à ma question.
« - Euh… Oui, en fait, je n’étais pas sûr que ça soit bien votre appartement… Vu que je suis dans l’immeuble d’en face au même étage et qu’ils sont identiques, je me suis dit qu’on avait peut-être le même numéro d’appart’ et j’ai tenté le coup … je m’en rends compte maintenant que c’est super bizarre, et là tout de suite, j’aurai préféré m’être trompé… »
Je l’écoute, et je suis partagée entre la surprise, l’excitation, un peu d’incompréhension et de méfiance. Peut-être qu’il est effectivement fou, que c’est un sociopathe qui repère ses victimes, les charme avant de les tuer, et de se débarrasser de leurs corps sans laisser de traces. Avec la chance que j’ai, ça ne serait pas impossible.
Blague à part, je trouve malgré tout son air embarrassé craquant, un grand gaillard comme ça, qui ose à peine soutenir mon regard.
« - … Moi qui ne voulais pas que vous me preniez pour un genre de malade, je crois que c’est raté … »
Il me tend le petit sac que j’avais remarqué, il y a un ruban de couleur violette qui forme un nœud dessus.
« - En fait, je viens de rentrer de voyage, j’étais en Côte d’Ivoire, et je vous ai ramené ceci, je sais que ça peut paraitre présomptueux de ma part car on ne se connait pas, mais j’ai pensé que ça vous plairait. Voilà. »
J’ai juste le temps de récupérer le paquet, de lui dire merci, à mon tour, gênée, sans trop savoir quoi dire de plus, qu’il s’éloigne déjà à reculons jusqu’à l’ascenseur, avant de disparaitre dedans.
Wouaw.
Je ne suis moi-même pas sûre de ce qui vient de se passer.
Je reste un moment appuyée dos à la porte que j’ai refermé, en essayant de remettre mes idées en place. J’ai l’impression de voir flou.
Alors, récapitulons.
La lumière dans son appartement était bien le signe de son retour, et une des premières choses qu’il a voulu faire était de m’apporter un cadeau qu’il m’avait ramené ? Il a donc pensé à moi pendant son voyage, et il a, en plus, étudié le moyen de trouver mon appartement ?
Wouaw.
Puis, je réalise que je n’ai pas encore regardé ce que contient le petit sac, et je me décide à l’ouvrir. Je découvre alors une jolie pièce d’étoffe très colorée, avec une petite carte. Sur la carte, le message suivant : « Pour les jours où vous voudrez changer de couronne. Chris ».
Comment savait-il que… Ah oui, ça me revient, lors de notre première rencontre, j’avais effectivement la tête attachée. Un détail qu’il avait visiblement bien relevé. Je suis à la fois touchée par cette attention et perplexe. Est-ce que ce n’est pas un peu trop intrusif comme approche ? Ou est-ce simplement de la maladresse ?
Mais putain, pourquoi tu te prends la tête, Alex, il te plait, tu lui plais, vas-y ! Fonce !
Je fonce donc dans ma salle de bain, prendre une douche, et me raser les jambes. J’en oublie le plat que j’avais mis dans le four à micro-ondes quelques minutes auparavant. Je n’ai plus faim de toute façon. Tout ça a coupé mon appétit. Enfin, disons plutôt que c’est autre chose qui me fait envie maintenant.
Aaah… Comment je m’habille ? … J’opte rapidement pour une robe chemise en denim clair que j’accessoirise avec une petite ceinture pour marquer ma taille. J’ai gardé mes tresses mais j’ai tout de même mis un peu de mascara, plus une légère touche de gloss sur mes lèvres et du parfum.
J’étais prête à partir mais pour quoi… Qu’est-ce que j’allais lui dire ? Je m’arrête devant le miroir dans l’entrée et j’hésite à sortir. Mais qu’est-ce que tu fous, Alex ? Tu perds la tête ou quoi ? Tu vas débarquer chez le gars et après ?
Il fallait quand même que j’y réfléchisse un minimum. Le remercier pour son cadeau, tout d’abord, et… Et, c’est tout ? Tu t’es douché, rasé les jambes, apprêté, juste pour le remercier et rentrer chez toi ?
Au pire, on improvisera. Go !
Me voilà donc en train de traverser la rue, de rentrer dans l’immeuble d’en face, et de prendre l’ascenseur. J’ai mis mon cerveau sur pause. De toute façon, si je me mets à cogiter, je me dégonfle et je fais immédiatement demi-tour. J’ai l’impression que mon cœur va sortir de ma poitrine tellement il bat fort, au fur et à mesure que je me rapproche de son appartement. Le 53F, comme le mien. Pendant un instant, je me demande s’il avait éprouvé le même stress en venant chez moi.
Arrivée devant la porte, je prends une grande inspiration et je sonne. Après l’avoir fait, je me retiens pour ne pas prendre mes jambes à mon cou. L’envisagement de cette idée est interrompu car la porte s’ouvre et qu’il apparait devant moi. Il est en serviette.
EN SERVIETTE ! Oh my God !
« - Alex ?... Euh désolé, je sors juste de la douche, je n’ai pas eu le temps de m’habiller… Qu’est-ce qui se passe ? Un problème ?
- Non, non, c’est plutôt moi qui devrais m’excuser de débarquer à mon tour à l’improviste mais vous êtes parti tellement vite tout à l’heure que je n’ai pas eu le temps de vous remercier pour votre cadeau.
- Euh… Oui, c’est vrai… Mais ne restez pas dehors, entrez, je vous en prie, je vais enfiler quelque chose rapidement.
- Non, je ne veux pas vous déranger, je suis juste passée…
- Non, non, je vous en prie, entrez, je suis à vous dans 2 minutes ! »
Bien sûr que je mourrai d’envie d’entrer, et j’étais contente qu’il m’y invite et qu’il insiste. J’essayais de toute mes forces, de ne pas fixer son torse musclé et encore moins la serviette qui entourait sa taille et qui dévoilait une jolie cambrure. Je ne peux m’empêcher de remarquer son tatouage sur le torse. Un motif tribal assez important qui couvre son côté gauche jusqu’à l’épaule. Je trouve ça terriblement sexy. J’en aurai aussi si je n’étais pas si douillette et peureuse. Ni tatouage, ni piercing. Les aiguilles ne sont pas mes amies.
Je rentre donc dans un appartement presque identique au mien, bien rangé, avec un style très moderne, peu meublé, ce qui est normal pour quelqu’un qui vient d’emménager.
Christopher m’invite à m’asseoir sur une des chaises tabouret à côté du comptoir de sa cuisine avant de s’éclipser.
J’ose à peine bouger tellement je suis mal à l’aise. Ces deux minutes me paraissent une éternité. J’en profite tout de même pour jeter un coup d’œil dans l’appartement et j’entrevois un sac de voyage sur un grand canapé d’angle en tissu couleur bleu nuit, d’où dépasse une chemise blanche et il y a une paire de chaussures au pied du canapé. Niveau déco, quelques petits bibelots provenant sûrement de ses voyages, et des grandes photographies en noir et blanc accrochées aux murs. Je me demande si c’est lui l’artiste ou si c’est juste un amateur d’art. Pas le temps de m’attarder plus sur les clichés, qu’il refait son apparition. Il est vêtu d’un bas de jogging et d’un débardeur, la même tenue que la première fois que je l’ai vu, à quelques détails près. Il me sourit. Il a l’air beaucoup plus détendu qu’au moment de sa visite chez moi et, que moi, maintenant.
« - Je n’ai pas été trop long j’espère …
- Non pas du tout. »
Et comme pour meubler la conversation, je rajoute en pointant du doigt un des murs.
« - Vous êtes amateur de photographie apparemment.
- Oui, en effet. En fait, certaines photos sont de moi, et j’ai acheté les autres. »
Il me montre donc celles dont il est le photographe, et les autres, du même artiste, dont il apprécie particulièrement l’œil. C’est effectivement lors de ses voyages, notamment sur le continent africain, qu’il les a pris. Pendant qu’il me fait son petit exposé, nous sommes debout l’un à côté de l’autre et je peux sentir son odeur. Odeur qui témoigne de sa douche fraichement prise, des effluves d’agrumes, un parfum acidulé, qui me donne envie de gouter sa peau.
Je suis sortie de ma mini rêverie par lui prononçant mon prénom.
« - Désolé Alex, je fais un piètre hôte là, je ne vous ai même pas offert quelque chose à boire et je suis là à vous raconter ma vie.
- Hum, c’est vrai que je ne dirai pas non à un verre.
- Ah, ça, ça veut dire de l’alcool, je me trompe ? »
Je souris, et il se dirige alors vers son réfrigérateur. Vu son absence, il n’a pas eu le temps de faire les courses mais heureusement il a toujours des bières au frais. J’aurai préféré un verre de vin mais ça fera l’affaire, je ne vais pas faire la difficile non plus.
Après la première gorgée, je me lance :
« - Donc, comme je l’ai dit en arrivant, je suis venue pour vous remercier pour votre cadeau que je trouve très joli d’ailleurs, j’avoue avoir été très surprise mais je mentirai si je disais que je n’ai pas trouvé l’attention charmante.
- Je suis très content que ça vous plaise alors, et oui je m’excuse d’être parti un peu comme un voleur mais c’est vrai que sur le coup je n’étais pas super à l’aise, je pense que ça s’est vu… après coup, je me suis dit que c’était peut être déplacé …
- Je ne vous cache pas que sur le coup, je me suis posée pas mal de questions et je vous ai peut-être pris pour un psychopathe pendant un instant. »
À mes mots, il manque de s’étouffer avec une gorgée de la bière qu’il buvait.
« - Ah ouais carrément ?!... Et qu’est-ce que vous vous êtes dit d’autre, Alex ? »
En disant ça, il s’est déplacé. Jusque-là, il était de l’autre côté du comptoir de la cuisine, et moi j’avais retrouvé ma place sur la même chaise tabouret. Maintenant, il est appuyé sur le comptoir juste à côté de moi, et la distance de sécurité n’est pas respectée, il est dangereusement proche de moi. Mon genou peut toucher sa cuisse. Je suis prise d’une soudaine bouffée de chaleur. Je ne peux clairement pas nier la tension sexuelle qu’il y a entre nous à cet instant précis.
Je me ressaisis, et je réponds :
« - Je me suis aussi dit que vous étiez observateur, et que vous aviez bon goût. » Il sourit.
Aaah ce sourire… Il me tue.
« - J’aime penser que j’ai bon goût en tout cas, et pour le côté observateur, je plaide coupable. La première fois que je vous ai vu, vous aviez la tête attachée, je vous ai tout de suite trouvé très belle et que ce style vous allait divinement bien. »
Je crois que si c’était physiquement possible, je me serai littéralement et totalement liquéfiée sur place.
« - Ah… Merci, c’est gentil… »
Oui, c’est tout ce que j’arrive à répondre. Je prends une autre gorgée dans ma bière, enfin une grande gorgée, tellement grande que je la finis.
« - Tu en veux une autre ? Pardon… Je me laisse aller… Vous en voulez une autre, Alex ?
- S’il TE plait, Christopher, oui… »
Il récupère en même temps ma bouteille vide et retourne dans le frigo. Au moment où il me tend une autre bière bien fraîche, il me dit :
« - Dans ce cas, appelle-moi Chris. » Et on trinque au tutoiement.
Il propose qu’on s’installe sur le canapé. Je suis un peu plus à l’aise maintenant, la bière, peut-être… Je le regarde débarrasser rapidement le canapé du sac et du reste. Il s’asseye ensuite à côté de moi, légèrement en biais pour rester face à moi.
« - Alex… » J’ai rarement autant aimé entendre mon prénom dans la bouche de quelqu’un.
« - Je peux être franc avec toi ?
- Oui. Vas-y. Je t’écoute. » Avec la chance que j’ai avec les hommes ces derniers temps, je m’attends à à peu près tout.
« - Voilà, tu m’as tout de suite plu mais je ne savais pas trop comment… Entre temps, je me suis absenté donc je n’ai pas vraiment eu l’occasion de te parler, à part la fois au supermarché… D’ailleurs, quand je t’ai vu danser, en vrai, ce n’est pas la seule fois où je t’ai observé… Hum, je ne devrais peut-être pas te dire tout ça… Tu vas encore me prendre pour un psychopathe… »
Alors là, je retire ce que je viens de me dire à moi-même. Je ne m’attendais pas à cette déclaration. Je le regarde et je ressens à nouveau chez lui un léger malaise pendant qu’il parle. Il a l’air sincère.
« - Mais j’aimerai vraiment apprendre à te connaitre si tu le veux bien aussi, bien sûr.
- Euh… Ok, alors je vais être franche à mon tour également… Toi aussi, Chris, tu m’as tout de suite plu… Et au risque de paraitre impudique, je t’ai peut-être un peu observé de chez moi aussi… Et sache que le fait que je sois chez toi, là, maintenant, assise sur ton canapé, est déjà une réponse à ta question. »
Et c’est ce qu’on a fait, on a parlés pendant des heures, cela malgré les 6 ou 7 heures de vol qu’il venait de faire plus tôt dans la journée. Quand on a regardé l’heure, il était un peu plus de 2h du matin.
« - Wouaw … Déjà ? Je n’ai pas vu le temps passé !...
- C’est une bonne chose non ?...
- Oui, Chris, je n’ai pas dit le contraire… Mais j’ai pas mal de boulot qui m’attends demain… Enfin, plus tard.
- Oui je comprends. Et je ne voudrais pas être celui coupable de ta fatigue
- Trop aimable de ta part… »
À ces mots, je me lève du canapé à contre cœur et il fait de même.
Il me raccompagne jusqu’à la porte mais au lieu de l’ouvrir, il fait une pause et se place entre elle et moi.
« - Je ne veux vraiment pas que cette nuit se termine, Alex… Mais je comprends que tu doives rentrer chez toi…
- Je ne le veux pas non plus. »
Je mords ma lèvre inférieure en disant cela, c’est plus fort que moi.
Il se rapproche, pose ses deux mains sur ma taille, et à cet instant, je crois que ma respiration s’interrompt. Il rapproche son visage du mien, je peux à nouveau sentir l’odeur de sa peau, je me laisse enivrer et mes mains caressent alors ses bras tout en remontant jusqu’à sa nuque. Nos lèvres se touchent d’abord timidement, puis le baiser devient de plus en plus intense, nos langues, chaudes, se trouvent et s’entremêlent et il me serre plus fort contre lui. On ne m’avait pas embrassé de façon aussi passionnée depuis longtemps. Quelle sensation étourdissante. Mon entrejambe s’est aussi immédiatement ranimé. Tout mon être même. Cet homme a clairement un pouvoir sur moi. Et non, ce ne sont pas que les mois d’abstinence qui me font dire ça. Il dégageait déjà une énergie envoûtante pendant nos échanges sur le canapé et cette énergie, je la ressens dans sa manière de m’embrasser.
Puis, mes pieds ne touchent plus le sol. Il m’a agrippé les fesses pour ensuite me soulever sans décoller sa bouche de la mienne. Je m’accroche à lui. Entourant sa taille avec mes jambes. Et nous voici à nouveau sur le canapé, moi à cheval sur lui, et l’embrassant à pleine bouche, lui enlevant son débardeur. Il essaye ensuite de déboutonner ma robe-chemise. Je l’aide en détachant la ceinture, et je finis par faire passer la robe par-dessus ma tête. Je me retrouve donc en sous-vêtements sur lui. Un ensemble simple, noir, sans frou-frou.
Il s’arrête d’ailleurs pour me contempler.
« - Mon Dieu… Tu es magnifique. »
Il remarque aussi le waistbeads que je porte, cette chaîne de corps qui se porte au niveau des hanches faite de petites perles et petits cristaux que j’avais moi-même ramené d’un voyage au Sénégal et dont je ne m’étais plus séparée depuis.
Il le touche, et me dit qu’il adore, que je suis sexy. Je prends son visage entre mes mains et je le plonge entre mes seins. Il ne se fait pas prier pour les embrasser, les lécher. Sa barbe me chatouille un peu. J’aime ça. Je détache le soutien-gorge et libère ma poitrine pour lui donner un plein accès. Il suce mes tétons avec tellement de ferveur qu’il m’arrache des gémissements. Que c’est bon…
Je remue doucement sur lui, en même temps, et je sens son érection, ce qui m’excite encore plus. Il malaxe mes fesses, les pétrit, glisse une de ses mains dans ma culotte et se fraye un chemin entre mes paumes jusqu’à ma fente déjà bien humide. On pousse ensemble un léger gémissement quand il introduit deux doigts en moi. Je me cambre pour bien profiter entièrement de cette caresse et jette la tête en arrière sous le coup du plaisir qu’elle me procure. Lui, continue à prendre mes seins dans sa bouche, en mordillant légèrement mes tétons. Je mouille de plus en plus et ses doigts travaillent toujours mon intimité.
Puis, dans un rapide mouvement, il se lève du canapé en me portant, avec une facilité que je trouve déconcertante mais excitante, pour me reposer tout de suite, et se placer entre mes jambes, à genoux devant moi. Il enlève ma culotte, relève mes jambes, et plonge pour me goûter. Décidément, il est vraiment doué avec sa bouche et sa langue. Il me mange avec la même passion qu’il embrasse. Après tout, ce sont juste d’autres lèvres ... Je caresse son crâne, et j’appuie même sur sa tête dans le feu de l’action quand je sens venir l’orgasme. J’explose en mille morceaux. Je n’avais pas joui comme ça depuis longtemps. Quand il relève la tête, je constate que même sa barbe a bénéficié un peu de mon jus. Je me redresse pour l’embrasser et je lui dis que je veux l’avoir dans ma bouche aussi. Il se relève et je me mets à genoux devant lui. Quand il baisse son jogging sous lequel il ne porte rien, son sexe se dresse fièrement face à moi, prêt à l’emploi. Je me rends compte qu’il est circoncis. Il est le deuxième homme que je rencontre avec cette particularité. À vrai dire, cela ne change strictement rien pour moi, en ce qui me concerne, tout est une simple question d’hygiène.
Je ne sais pas si c’est le fait de revoir enfin un si beau pénis après une période d’abstinence mais comme par réflexe, je me mets à saliver. Je ne perds donc pas de temps et je passe d’abord ma langue tout le long de cette turgescence, de sa base à son gland, avant de prendre ce dernier en bouche. Après quelques légères succions, je comprends à ses réactions qu’il est sensible à ce niveau. J’alterne donc entre les petites aspirations et une fellation plus profonde. J’ai même l’impression qu’il continue à durcir entre mes lèvres et pourtant je ne pense pas qu’on puisse être plus bandé qu’il ne l’était déjà. Sa respiration s’accélère un peu, et il pousse instinctivement son bassin vers moi. Je relève les yeux un court instant, et je vois qu’il a la tête penché en arrière. Il aime ce que je lui fais apparemment. Quelques secondes après, il m’aide à me relever, m’embrasse en me donnant une belle tape sur les fesses.
« - J’ai des préservatifs dans la chambre …
- Vas-y, je t’attends … Fais vite. »
Il me reclaque le cul, et trotte jusqu’à sa chambre.
Pendant son absence, je réalise tout ce qui vient de se passer et… Wouaw !
Alex, tu es nue sur le canapé de ton voisin sexy que tu épies et sur lequel tu fantasmes depuis maintenant des semaines. Il t’a fait jouir avec sa bouche, tu viens de le sucer et là, il s’apprête à te démonter avec son (1) bangala.
Il revient déjà, armé, toujours au garde à vous et prêt à (dé)charger.
Je suis à genoux sur le canapé, il me tend la main pour que je me mette debout devant lui. Je m’exécute et il me soulève à nouveau. Décidément, toutes ces levées de poids qu’il fait quotidiennement trouvent parfaitement leur utilité à cet instant. Il me porte tant et si bien que son sexe trouve tout de suite l’entrée de mon jardin. La première pénétration fait trembler mes jambes. Je m’accroche plus fort à son cou.
« - Ça va ?... T’inquiètes pas, je te tiens bien… »
Oui, je confirme qu’il me tient fermement, j’ai l’impression d’être toute légère dans ses bras. Il me fait donc faire des va-et-vient d’abord lents mais profonds. Je le sens en moi dans son entièreté. Il me remplit complètement. Je crois même que je pourrais jouir juste de cette façon. On s’embrasse, ma respiration s’accélère. Puis, il augmente la cadence et me fais rebondir sur lui un peu plus vite, je ne peux retenir mes gémissements. Mon Dieu que c’est bon. C’est comme si tous ces mois d’abstinence étaient récompensés. Et quelle récompense ! Le 2e orgasme arrive si violemment que tout mon corps se met à trembler et je pousse un cri strident. Je ne me savais même pas capable d’atteindre ce genre d’aigus. Mariah Carey n’a qu’à bien se tenir désormais.
Il ralentit mais ne s’arrête pas pour autant. Il me tient toujours aussi fermement, je le sens toujours aussi dur, il n’a aucunement l’air affaibli. Il me redépose sur le canapé, s’allonge sur moi, entre mes jambes et m’embrasse encore avec toute la passion dont il a fait preuve depuis le début. S’attaque à nouveau à mes seins.
« - Laisse-moi te chevaucher. »
À mes mots, il se redresse, me sourit et m’aide à en faire autant, il s’allonge sur le dos et je prends position sur lui. Hum… Je le sens encore mieux dans cette position. Je commence à remuer sur lui doucement puis je trouve vite un bon rythme. Je vois qu’il ferme parfois les yeux et se mord la lèvre inférieure, ce qui m’encourage à appuyer mes coups de reins. Je me penche pour l’embrasser, et lui lécher l’oreille et descendre dans son cou. Je le mords au niveau de son trapèze, ce qui déclenche une réaction quasi-immédiate car il bloque mon bassin avec ses mains et se met à me donner de violents coups de reins. Cependant, malgré tout le plaisir que ça me procure, je ne le laisse pas continuer, c’est à mon tour d’avoir le contrôle et je veux en profiter un peu.
« - Arrêtes de bouger. »
Il s’exécute un peu surpris tout de même. Je reprends donc mes mouvements de hanches et fais rebondir mes fesses sur lui avec encore plus d’entrain. Sans réfléchir, je pose une de mes mains autour de cou en serrant légèrement. Je dois avouer que c’est quelque chose que j’aime faire et qu’on me fasse, malheureusement, tout le monde n’a pas l’esprit ouvert sur ce genre de choses. Surtout dans ce sens. L’ égo masculin sans doute. Pourtant, la strangulation érotique n’a rien de nouveau dans les pratiques sexuelles. Certes, il est vrai que c’est plus associé au sado-masochisme mais inutile d’être un grand adepte pour expérimenter. Le tout est de faire très attention.
En tout cas, en ce qui concerne Chris, cela n’a pas l’air de l’ennuyer, il se laisse faire. J’ai l’impression que ça l’excite d’ailleurs. Je le vois dans son regard. C’est le but après tout. Du coup, je me lâche, et rajoute l’autre main tout en continuant à monter et descendre sur sa queue. Comme au moment de la fellation, j’ai la sensation de le sentir grossir en moi. Un nouvel afflux de sang sans doute provoqué par l’excitation de la strangulation. Ce qui a pour conséquence de me faire chavirer dans un 3e orgasme et lâcher prise. Il en profite alors pour reprendre physiquement l’ascendant et me pilonner juste avant que lui-même explose dans un gros râle. Je m’écroule sur lui. On halète tous les deux. Complètement essoufflés, incapable de parler.
Et quand il y arrive enfin…
« - Tu es incroyable. »
Il me dira plus tard que c’était le plus bel et le puissant des orgasmes de sa vie.
TALEENAH
"Cette histoire est vraie puisque je l'ai inventée." Boris VIAN
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(1) Argot utilisé en Afrique pour désigner le sexe masculin
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