La Rupture
- Taleenah
- 17 juin 2020
- 8 min de lecture
Dernière mise à jour : 15 mars 2021

Saleté de talons !
Je me décide à les enlever pour pouvoir marcher plus vite, mais c’est sans compter sur la fente pas assez grande de cette robe trop serrée qui gêne mes mouvements.
Et puis pourquoi j’avais mis cette robe, hein ?
Imbécile.
Je savais très bien pourquoi en vrai. Je savais qu’il serait là. Celui qui m’a brisé le cœur 8 mois auparavant en m’annonçant après 5 ans de relation que c’était fini, qu’il en aimait soi-disant une autre. Comme ça. Sans bande-annonce, sans introduction, sans plus d’explications. Comme si les 5 années passées ensemble n’avaient jamais compté.
« - Écoute, je… Je ne t’aime plus, ça fait déjà un moment que ça ne marchait plus de toute façon. J’ai rencontré quelqu’un d’autre. Je ne peux plus continuer. »
Hein ?... Comment ça, ça fait déjà un moment que ça ne marchait plus ?... Je tombe des nues. Moi, j’étais toujours amoureuse de lui, je le regardais toujours avec des étoiles dans les yeux comme au premier jour de notre rencontre.
Et quelle rencontre !
Lors d’un vernissage, celui d’une amie photographe qu’on avait en commun sans le savoir. C’est d’ailleurs elle qui a fait les présentations. J’ai tout de suite un coup de cœur pour lui. Il est drôle, plein d’esprit, très agréable à regarder aussi, je dois l’avouer, faisant également de la photo. Il m’explique qu’il a assisté notre amie sur quelques-unes des photos exposées. J’ai donc droit à des détails que les autres visiteurs n'auront pas, je me sens un peu privilégiée, ça rend l’exposition encore plus intéressante et lui aussi, par la même occasion.
Après l’expo, on décide d’aller boire un verre afin de prolonger la conversation, pour mon plus grand plaisir.
Pendant des heures, on se parle, et on se rend compte que l’on a énormément de points communs, d’atomes crochus. Tout y passe, livres, films, séries, musique. Et surtout, il me fait rire à gorge déployée.
Il aimait me faire rire. Il disait que j’avais un rire « gras » et franc, comme moi et que c’était une des choses qui l’avait charmé.
Maintenant, il en fait rire une autre. Je ne ris plus trop moi. Je n’y arrive pas. Un jour, j’en serai capable à nouveau, peut être…
Après cette première rencontre et un échange intense de baisers sur le parking, non loin du bar duquel on nous a presque chassé, on ne s’est plus lâchés. Pas un jour n’est passé sans que l’on s’appelle ou que l’on s’envoie des messages. J’aimais le son de sa voix au téléphone. Elle avait quelque chose d’apaisant et de réconfortant.
Où avait-il été pendant tout ce temps ?
Où se cachait-il ?
Je n’y croyais pas moi-même.
J’avais l’impression que l’Univers me l’avait envoyé pour me prouver que j’avais eu tort d’avoir autant douté qu’il n’y avait personne qui pouvait vraiment me correspondre.
Et puis, il y a eu notre première fois.
Je ne me suis pas faite prier pour accepter de venir chez lui sachant qu’il s’était, en plus, vanté d’être un véritable cordon bleu. Il avait vite compris que la nourriture était un de mes péchés mignons. Et on avait pris l’accord que s’il faisait le déjeuner, il aurait droit à un massage de ma part. Je m’étais, moi, vantée de mes talents de masseuse. Le deal a vite été conclu et le rendez-vous, vite pris.
Ce jour-là, nous avons donc dégusté son délicieux colombo de cabri, et bu un bon vin blanc tout en se taquinant, se titillant…
Quand le moment du massage est arrivé, j’ai pu le voir dans le plus simple appareil. Il s’était allongé nu sur son lit, sur le ventre, il m’attendait. En pénétrant dans la chambre, j’ai immédiatement remarqué sa cambrure, son fessier tout en muscles. Normal pour quelqu’un qui a pratiqué l’athlétisme pendant des années. Je me suis déshabillée à mon tour en gardant simplement ma culotte. Puis, je suis montée sur le lit en le chevauchant. À cet instant, il a glissé une de ses mains vers moi pour me caresser, ce qui m’a donné un léger frisson. J’avais ramené ma propre huile de massage pour l’occasion.
Sa peau. Hum.
Sa peau est douce et ferme. Je peux sentir les muscles de son corps rouler sous mes doigts. Je m’applique comme jamais, et les soupirs qu’il laisse de temps en temps échapper m’indiquent que je lui fais du bien.
J’ai toujours aimé l’odeur naturelle de sa peau, je ne saurai expliquer pourquoi, encore plus, après l’effort, il dégageait comme une odeur de bois mouillé, un truc brut mais pas repoussant. J’aimais m’endormir contre lui, le sentir.
Maintenant, il ne me reste qu’un vieux t-shirt de lui que j’ai réussi à garder après son départ, avec lequel j’ai recouvert un de mes oreillers, qui avec le temps a fini par totalement perdre son odeur, mais je ne peux toujours pas me résoudre à m’en débarrasser.
À la fin du massage, nous restons tous deux allongés sur le lit, lui, entièrement nu et moi en culotte.
Il se met à détailler chaque partie de mon corps, d’abord du regard. Un regard qui me transperce. Je me sens alors plus nue que je le suis pourtant (presque) déjà.
Puis, du bout des doigts.
Ses doigts glissent lentement sur mon corps et s’attardent à certains endroits.
De la courbe de mes seins, à mes tétons, en passant par mon ventre, l’intérieur de mes cuisses, mes jambes sur toutes leurs longueurs, pour remonter vers mon entrejambe et enlever ce qui visiblement le gêne.
Au moment où il attrape ma culotte, je me crispe malgré moi. Le stress, sans doute.
« - J’arrête ?...
- Non, non.
- Tu es sûre ? On peut attendre tu sais.
- Vas-y. »
Il s’exécute donc, je l’aide dans la manœuvre en soulevant légèrement le bassin. Me voilà, moi aussi dans le plus simple appareil, et à cet instant, je remarque son érection. J’avais presque oublié à quel point un pénis en turgescence pouvait être beau. Je n’ai pas le temps de l’admirer plus, car il écarte mes cuisses, et part comme qui dirait à la découverte de mon jardin d’Eden.
Il passe un doigt le long de mes lèvres tout en forçant délicatement l’entrée, je me rends compte en même temps que lui que je suis déjà bien humide. Son doigt lubrifié remonte alors jusqu’à mon clitoris, qu’il caresse doucement. Je sens rapidement une chaleur dans le bas de mes reins, lui continue, très concentré sur ce qu’il fait. Il relève la tête un instant pour me regarder et se rapproche d’un de mes seins pour le prendre en bouche, ce qui provoque en moi comme une légère décharge électrique. Quand il redescend, il se place franchement entre mes cuisses, porte son doigt à sa bouche et esquisse un sourire.
« - Ça fait un moment que j’attends de te goûter »
Le voici, donc en train d’explorer mon intimité. Il allie parfaitement les mouvements de langue et les petites aspirations sur mon bouton de chair. C’est comme s’il savait exactement comment me faire perdre la tête.
Il y prend un réel plaisir, j’ai l’impression d’entendre des murmures venant de lui pendant qu’il me mange, comme s’il lui « parlait ». En effet, il est en pleine conversation avec mon sexe, une conversation à laquelle je participe aussi de par mes gémissements qui se font de plus en plus audibles, à l’approche d’un puissant orgasme qui me laisse tremblante.
À ma grande surprise, il me fait comprendre qu’il n’en a pas fini avec sa dégustation, je ne le laisse, cependant, pas faire et me redresse. La vision de son sexe, quelques instants plus tôt, m’a, elle aussi, donné l’eau à la bouche et je lui propose alors qu’on se mette en position du 69, afin que je puisse à mon tour, mettre en pratique mes talents d’oratrice pendant que lui continue à se délecter de mon fruit juteux.
À cheval sur son visage, donc, je me penche sur son membre raide, et passe ma langue de sa base jusqu’à son gland, que je titille, avant de le prendre en bouche. Je salive un maximum. Ma bouche est pleine de lui. Il a un petit goût salé. Je le sens légèrement sursauter à chaque fois que j’aspire son gland, et il pousse des gémissements rauques qui m’excitent. J’ai tout de même du mal à rester totalement concentrée car sa langue ne me laisse aucun répit non plus. Il me baise littéralement avec et je ne tarde pas à être submergée par un deuxième orgasme.
Quand je me libère de sa bouche gourmande, c’est pour pouvoir enfin le sentir en moi. Je reste dos à lui, je veux qu’il voie mes fesses rebondir, les va-et-vient de mon sexe humide sur sa verge. Je prends rapidement un bon rythme, je contrôle parfaitement mes mouvements, je m’amuse à accélérer puis à ralentir pour accélérer de nouveau. Lui, m’assène de temps en temps, une claque sur les fesses ce qui m’encourage encore plus.
J’ai beaucoup de plaisir à le chevaucher ainsi, j’aime la sensation de l’avoir en moi, mais tout d’un coup, il me demande de ne plus bouger. J’obéis et m’arrête quelques secondes. Je tourne la tête vers lui, qui semble être dans un mouvement ultime de concentration, les yeux fermés. L’occasion est trop bonne, et je reprends avec encore plus d’enthousiasme mes mouvements de bassin, il pousse un cri et me fesse violemment. Cela ne m’arrête pas, au contraire, j’en rigole et remue sur lui de plus belle. Quelques secondes après, il se laisse aller en moi.
C’était un vendredi après-midi. Je ne suis rentrée chez moi finalement que le dimanche soir.
48 heures inoubliables.
48 heures pendant lesquelles une réelle connexion s’est créée, nous avons fait l’amour, nous avons cuisiné, nous avons parlé, nous avons ri…
48 heures après lesquelles j’ai su que c’était lui et personne d’autre. C’était fou.
Et, aujourd’hui tout était fini. Il ne restait que de la souffrance. Enfin, c’est tout ce que je ressentais depuis notre séparation. Un grand vide.
Maintenant, je me retrouve comme une conne sur un parking pieds nus à la recherche de ma voiture que je ne retrouve plus.
Putain ! Fallait que ça m’arrive maintenant.
Les larmes qui commencent à couler sur mes joues, et troublent ma vue, n’arrangent pas mes affaires. Les paillettes que j’avais mises sur mes paupières piquent mes yeux déjà larmoyants.
Je n’aurai jamais dû venir. Les voir ensemble, danser amoureusement sur la piste a fini de m’achever.
Qu’est-ce que je croyais, franchement ? Qu’en me voyant dans cette robe qu’il aimait tant à l’époque, il se rendrait compte qu’il avait fait la plus grosse erreur de sa vie et qu’il reviendrait vers moi ?
Pathétique.
« - Tania ? »
Dieu merci, je retrouve enfin la voiture, j'essuie mes yeux avec un des mouchoirs que j'avais dans ma pochette. Je m’apprête à ouvrir la portière quand…
« - Je savais que c’était toi… »
Je reconnais le son de sa voix, mon cœur rate un battement, je me retourne, et il est debout là, devant moi. Beau comme un Dieu. M’aurait-il suivi sans que je m’en aperçoive ? Je regarde derrière lui et alentours, aucune trace de l’Autre.
« - Tu t’en vas déjà ?
- Oui, je dois me lever tôt, j’ai des choses à faire.
- Comment vas-tu ? »
J’ai juste envie d’éclater en sanglots et de lui dire à quel point il me manque, mais je me contente simplement de lui sourire, et au même moment, elle fait son apparition au loin.
« - On te cherche, je crois … »
J’en profite pour monter dans la voiture, lui, s’éloigne sans un mot.
Et comme si c’était un signe, juste avant de démarrer, je peux entendre les paroles de la chanson de Stevy Mahy :
(1) « E mwen ké pé alé san vou … Menm si lavi pé ni menm gou … »
Cette chanson résonne en moi et est tel un couteau qu’on remue dans une plaie béante. Oui, c’est vrai, ça prendra le temps qu’il faudra, mais oui, je réapprendrai à vivre sans lui.
TALEENAH
"Cette histoire est vraie puisque je l'ai inventée." Boris VIAN
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(1) Trad. Créole : "Et je pourrai continuer sans toi… Même si la vie n'aura plus le même goût…"
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