Conférence "Femmes, Sexualités & Corps – Stigmates"
- Taleenah
- 20 juin 2020
- 6 min de lecture


Je me suis donc rendue à la conférence « Femmes, Sexualités & Corps – Stigmates » dans le cadre de la manifestation Cri de Femmes au Centre Culturel Sonis, ce vendredi 11 Mars 2016.
Le Festival CRI DE FEMMES (Grito de Mujer/ Women's Scream), festival international, créée par un collectif de femmes artistes, existe depuis 2010, et en France, depuis 2012.
Le but étant principalement de célébrer la femme, de la mettre en avant et de lutter contre les violences de genre. À travers les arts, et la poésie, il s'agit de de sensibiliser le public sur les problématiques existantes.
Les thèmes abordés étaient tous très intéressants dont :
- La Sexualité des Séniors qui est, il faut l’avouer un sujet tabou, qui dérange, car beaucoup ont du mal à concevoir que passé un certain âge, certaines personnes aient encore des relations sexuelles, du désir. Le problème se pose notamment encore plus dans les institutions comme les maisons de retraite, par exemple, où le personnel médical peut parfois être dépassé par le comportement des résidants.
- La Sexualité chez les personnes Handicapées.
On n’y pense pas assez en effet, mais qu’ils soient handicapés moteur, auditif, visuel ou mental, ils sont avant tout des êtres humains qui ressentent et éprouvent du désir, le besoin du contact physique et pas de façon « médicale ».
Le sujet était accompagné d’un petit documentaire très intéressant tourné en Allemagne, en Italie et en Suisse de Mélanie Challe intitulé « The Last H » où il était question du principe d’Assistance Sexuelle pour personnes handicapées (pratique interdite en France car considérée malheureusement comme de la prostitution). Personnellement, je ne connaissais pas du tout ce concept. Il s’agit en fait de les mettre en situation. De les aider à (re)découvrir le toucher, des sensations, l'intimité avec quelqu’un. Ou même encore aider un couple d’handicapés moteur à avoir des rapports. L'empathie est bien sûr absolument indispensable. C’est d’ailleurs pour cela que certains témoignent du fait que faire appel à une prostituée n’était pas une (bonne) solution et que l’expérience peut être décevante voir traumatisante. L’assistance sexuelle est un don de soi et un vrai engagement envers l’autre. Bien sûr, c’est réglementé. Il y a aussi une date limite de prise en charge.
L’important est d’aussi d’oublier la honte et l'idée que pour eux, le sexe est impossible, inaccessible, ou pas nécessaire comme s’ils étaient rendus asexués de par leur handicap.
- La Sexualité en milieu fermé - Sphère Sexuelle (prisons. institutions spécialisées).
Il est interdit pour les résidants ou détenus d’avoir des rapports entre eux mais nous savons bien que la réalité est autre. Et donc il apparaît que dans les établissements ne comptant que des individus de même sexe, le comportement sexuel change. Le désir va alors se projeter sur les personnes plus proches de soi (homosexualité). Car en aucun cas l’enfermement ou les règles n’ont jamais calmés ou fait disparaître comme par magie le désir, les pulsions sexuelles chez l’être humain. Au contraire, les petits espaces, la constante promiscuité avec d’autres personnes, les créent, les alimentent.
Mais c’est comme si on cherchait un peu à déshumaniser en interdisant en quelque sorte d’assouvir ce besoin qui est, rappelons-le, physiologique, aussi important que de respirer, de se nourrir ou de dormir. (voir Pyramide des Besoins selon Abraham Maslow)

- La Maternité mais surtout la Non-Maternité et le regard que porte la société sur les femmes qui ne peuvent pas ou ne veulent pas avoir d’enfants. Car, oui, la société, NOUS, sommes dans le jugement.
Sujet accompagné par le court-métrage de Guy Gabon intitulé « La montée des eaux » où elle nous fait part de sa propre souffrance de ne pas être mère. Mis à part, les problèmes médicaux, physiologiques, la maternité est censée rester un choix et personne ne devrait avoir à subir une quelconque pression de son entourage ou autre pour enfanter.
D’ailleurs, a été fait la distinction entre Maternité et Parentalité, car on peut en effet être capable de mettre au monde un enfant mais pas forcément capable de l’élever et de s’en occuper correctement.
Les femmes ne voulant pas avoir d’enfants pour x raisons et l’assumant sont souvent vues d’un mauvais œil, comme étant par exemple, carriéristes et/ou égoïstes. Dans ce contexte, le concept d’égoïsme m’a toujours fait doucement sourire, car n’est-ce pas égoïste aussi de dire « je veux un enfant », or cet enfant, n’est déjà plus à vous à partir du moment où vous le mettez au monde.
Citations :
« Vos enfants ne sont pas vos enfants. Ils sont fils et filles du désir de vie en lui-même. Ils viennent par vous mais non de vous, et bien qu’ils soient avec vous, ce n’est pas à vous qu’ils appartiennent. Vous pouvez leur donner votre amour mais non vos pensées, car ils ont leurs propres pensées. » Khalil Gibran
« Élever un enfant, c’est lui apprendre à se passer de Nous… » Ernest Legouvé
Et saviez-vous qu’en créole, on appelait une femme stérile, «bréhaigne », terme généralement utilisé pour un animal. Décidément, les associations au monde animal quand il s’agit de notre communauté ont la dent dure et malheureusement, nous les entretenons inconsciemment nous-mêmes.
Petits Rappels : le terme « chaben » (hybride ovin/caprin, nom vulgaire d'hybrides du bouc et de la brebis), et le terme « mulâtre », terme est emprunté au portugais mulato qui veut dire « mulet ».
Il est vrai, qu’aujourd’hui, on emploie plus le terme « métis » qui est beaucoup moins péjoratif voire carrément à la mode, mais ceci, est un autre débat...
- Les Stéréotypes sur la Femme Noire véhiculés aujourd’hui (cinéma, musique, publicité) et son Hypersexualisation.
Nous avons, entre autre :
- La Matriarche, équivalent de notre fanm poto mitan, donc la Femme Forte, malgré elle, qui élève seule (ou pas) ses enfants malgré les difficultés de la vie. Car il faut dire ce qui est, elle n’a juste pas le choix, homme absent ou de passage, elle se doit d’être forte car le foyer tout entier repose sur ses épaules.
C’est en réalité plus une malédiction qu’une bénédiction. L’ouvrage de Carole PETRI « Femme Potomitan d’hier, Femme d’aujourd’hui » aborde d’ailleurs parfaitement le sujet.
« Dans notre culture et au regard des comportements, nous constatons que le rôle de la mère est prioritaire. Il prime sur celui d’épouse, de femme, d’individu avec des besoins propres, personnels. Ce rôle est ressenti comme une obligation remplie exclusivement par la femme. De plus en plus de femmes refusent cette abnégation qu’ont connue nos mères, nos grands-mères, nos arrière-grands-mères… Ce rôle de potomitan. »
Heureusement, « Aujourd’hui, ce statut de potomitan est décrié, notamment dans son aspect qui reste caché ; derrière le courage affiché existe une souffrance morale issue du comportement volage de l’homme antillais. La femme antillaise affiche une acceptation résignée, que la nouvelle génération (quadras et moins) n’est pas prête à connaitre. Elle refuse ce rôle qui est lourd à porter et qui n’est pas si élogieux que la face visible voudrait bien nous le faire croire. »
- La Jezebel ; c’est à l’origine un personnage biblique, une femme décrite comme vicieuse et malfaisante.
De manière plus contemporaine, la Jezebel est la femme fatale, sexy, des fois même vulgaire, mangeuse d’hommes (blancs, pour la plupart), qui joue de ses charmes pour obtenir ce qu’elle veut.
Les qualificatifs relatifs au monde animal viennent encore alimenter ce fantasme chez l’homme (blanc) qui aiment affubler la femme noire des noms suivants, (on retrouve notamment la famille des félins) : « lionne », « panthère noire », ou « tigresse », et une variante avec la « gazelle », autant d’appellations qui au final au lieu de paraître flatteuses déshumanisent les femmes.
- La Angry Black Woman (la femme noire en colère) qui comme son nom l’indique est toujours en colère, grande gueule, des fois révolutionnaire et qui fait donc peur. Cette image péjorative est en générale véhiculée par des personnes de race blanche dérangées par le fait qu’une femme noire ose se dresser contre eux ou contre ce qu’elle considère être des injustices ou un manque de respect envers elle ou sa communauté. Ces femmes que l’on catégorise comme aigries ou rebelles voire même incontrôlables, ne le sont pas par plaisir ou par nature, et on oublie de simplement se demander pourquoi elles le sont. Que c’est en fait en réaction aux attaques extérieures qu’elles subissent déjà ou qu’elles ne veulent pas subir. Une façon de se protéger en étant malheureusement constamment sur la défensive ou directement dans l’attaque.
Il y a, selon moi, une mauvaise foi latente derrière cette appellation.
- The Tragic Mulatto (la tragique mûlatresse) celle qui est le plus souvent représentée dans les médias, au cinéma, à la télévision etc, car plus claire de peau et plus socialement acceptable dira-t-on. Cependant, de mon point de vue, elle peut être perçue également comme une victime, malgré elle, justement à cause de sa beauté, qui devient quelques fois un fardeau, un cadeau empoisonné.
Au temps de l’esclavage, c’était très souvent les jeunes femmes à la carnation plus claire qui étaient prises comme domestiques dans la maison du Maître. Elles étaient alors convoitées par ce dernier et devaient souffrir de ses assauts régulièrement.
Plus, l’intervention de la plasticienne Claudy Titty Dimbeng et la présentation de quelques-unes de ses œuvres et d’autres, d’artistes différents mais toujours autour du thème de la sexualité de la femme et plus précisément du clitoris d’où le nom du projet artistique : CLIT REVOWLUTION.
En résumé, une belle conférence, avec de bons échanges comme il devrait y en avoir plus !
TALEENAH
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